Extrait
Je bois de l’alcool depuis l’âge de quinze ans. À cette époque-là, il m’est arrivé une chose assez répugnante dont je parlerai peut-être plus tard, quand j’aurai commencé mon travail avec le psychologue. Je me suis d’abord mise à boire de façon festive et en petite quantité. Deux ou trois verres pour les mariages, les baptêmes, les anniversaires, les fêtes de fin d’année : les réunions de famille, quoi. À partir de dix-sept ans sont arrivées les sorties entre copains. On se retrouvait chez l’un ou chez l’autre pour l’apéro puis on sortait en boîte de nuit. Là, on commandait une puis deux bouteilles et on rentrait « cartable » à 5 heures du matin. Au début c’était le samedi soir, ensuite le vendredi et le samedi soir et ça a fini par le vendredi, le samedi et le dimanche soir. C’étaient toujours des soirées festives car le petit groupe de copains que nous étions à l’époque n’était pas violent. On sortait juste pour rigoler et faire la fête. Comme le font pratiquement tous les jeunes de toutes les générations.
Je ne sais pas quand tout a commencé à déraper. Je dirais petit à petit, tranquillement l’alcool se fraye son chemin dans notre cerveau. Je pense que, dans mon cas, la fêlure que j’ai eue à mes quinze ans et tous les ennuis que j’ai pu accumuler après ont été un terrain propice à ce que je devienne alcoolique.
J’ai commencé à boire un, puis deux, puis trois apéros le soir en semaine. Comme ça, lentement, je suis passée à un quart de bouteille par soir. J’ai fini à la moitié, voire les trois quarts, d’une bouteille par soir. Il faut que je précise que je bois exclusivement du whisky-limonade. Pour moi, cela paraissait normal, logique et naturel, car habituel. Là-dessus se rajoutent les aléas de la vie qui vous mettent des bâtons dans les roues et la seule solution que vous trouvez quand vous êtes dans mon cas, c’est de boire un maximum pour ne pas y penser. Solution de facilité ? Sans aucun doute ni hésitation : OUI !